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Le LAAC à hauteur d’enfant

Accueilli·e·s par Niki de Saint Phalle, comme sur la scène d’un grand auditorium, le L.A.A.C nous tend les bras. La première impression est déjà celle de l’hospitalité, l’impression également d’être acteur·ice du musée. Dans le décentrement des œuvres, c’est notre rapport au lieu, à l’architecture et à l’espace qui est valorisé. Quoi de mieux alors que de suivre un enfant, dont l’œil est encore un peu épargné par l’histoire, dont la culture artistique balbutie encore et surtout… un enfant dont l’instinct reste encore le principal moteur.

Grimacer en faisant le tour du Cirque de Karel Appel, non plus en pensant à Cobra, mais bien en le prenant comme un jeu. Les différentes perspectives offertes sur l’œuvre par l’architecture multiplient les points de vue, l’amusement en est d’autant plus fort. Se laisser aller à la traque des paréidolies, à la recherche des formes sur les toiles étendues et couvertes de peinture de… Déceler les formes simples des pots de peinture et se retrouver dans l’arène. La même que celle de Frankenthaler, Pollock et les autres. Revenir aux sources de l’expressionnisme abstrait, du surréalisme… mais comme un enfant. Le regard neuf et surtout l’envie de sauter de forme en forme. Faire du musée un jeu.

Et si j’ai eu l’habitude d’essuyer les sols des institutions culturelles en m’y asseyant durant ma scolarité, j’avais rarement pris le temps de m’y allonger. Stupeur devant le magnifique dialogue entre Maya Hayuk, artiste ukrainienne invitée, et Sonia Delaunay, lointaine aïeule dont les contrastes simultanés flamboient encore aujourd’hui dans la pratique de cette jeune artiste. Elle investit les murs et laisse la peinture couler, imprimer son passage, affirmer son existence jusque sur les plinthes. On sort de la toile pour se projeter sur les murs et en suivant l’enfant, le paysage prend toute son ampleur, tout·e petit·e face à l’univers multicolore de Maya Hayuk. Il y a quelque chose jubilatoire à voir ces cloisons attaquées comme on aurait rêver de le faire.

Et puis la mémoire aussi. La puissance créative de la mémoire. Des formes, des lieux. Marianne Mispelaëre se fait gardienne de la lumière du printemps et peint sur les murs un écho qui résonne même au plus sombre des jours d’hiver. Bernard Moninot, lui, retranscrit le vent. À la fois scribe et alchimiste, ses boîtes de Pétri couvertes de suie révèlent en négatif les murmures du Noroît. Peut-être que l’on a un peu perdu l’enfant avec tout cela, mais il y voit des hiéroglyphes d’une langue que lui seul comprend et repart émerveillé avec cette idée que dans un musée l’on peut s’allonger, regarder, mais surtout l’on peut rêver.







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