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Le 19M x POUSH


J’ai repensé à Es Devlin en février 2022 et son intervention avec Hans Ulrich Obrist à Glasgow. Le point de départ se loge dans l’idée de soin contingente à celle de curation : panser, réparer ce qu’Yvannoe Kruger souligne dans son texte d’introduction. Et dans cette scénographie décloisonnée, les œuvres résonnent parfois les unes avec les autres.


Gaëlle Choisne propose un hommage, un inventaire de souvenirs à la Prévert. Sur ces silhouettes sombres et fantomatiques se tissent, se brodent, se cousent des ex-votos qui en creux dessinent un rapport tout personnel au deuil. Entre suaires et cocons protecteurs, cigarettes, faux ongles, photographies, encens… ces autels subliment la perte et l’absence en force créatrices. Et les blessures cicatrisent, lentement, en cousant, en brodant, en tissant…

Le soin se retrouve chez Sara Favriau. Le souhait, le désir de réparation fait dialoguer feuilles de palmiers d’Arabie Saoudite et bois de pins landais en un assemblage global où le feu sert de passeur. Rite de sauvetage. Ambivalence du feu à la fois purificateur et destructeur. Doubles symboliques nouées, fermement entrelacées.


Avec les tissages de Kenia Almaraz Murillo les imageries andines, leurs géométries traditionnelles s’allient à la mécanique, aux phares de voitures qui personnifient alors les œuvres, confrontant les spectateur.ice. s au regard inquisiteur de ces étranges créatures. À l’image des fantômes bienveillants de Gaëlle Choisne, ces tissages ont une âme, ils vibrent et vrombissent.


Chez Déborah Fischer, on évolue à la lisière d’un collectionnisme « merzbauesque » et une accumulation néo-réaliste. L’artiste décline son anthropologie des restes, ou son « archéologie » du présent. Derrière chacun de ces bouts de tissus, de ficelles, des réserves du 19M se cachent autant d’histoire qui se racontent ici en portraits-robots.


Pauline Guerrier quant à elle remet l’humain au cœur du tissage, faisant fi de l’automatisation et de la mécanique. La pelote de fil qui s’échange, passe de main en main, dessine une toile arachnéenne à l’image de nos rapports humains, ultra-connectés, superposés, intriqués. Ce tissage monumental invoque le chaos du cosmos dont l’histoire se déroule en même temps que les lais de tissus dans la vidéo de Cécilia Gondol.


Notre visite est à l’image des ces fluctuations primordiales. Ces défauts primitifs où, nous explique la voix de l’astrophysicienne Hélène Courtois dans la vidéo, se loge la lumière. Refuge et origine de sa dispersion, la clarté se reflète inégalement selon les anfractuosités, les aspérités de cette matière noire. Ces fluctuations primordiales tracent nos galaxies et les myriades d’étoiles dont elles sont parsemées… Dans « À revers », ce sont des constellations textiles qui s’offrent à nous.







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